Sunday, May 14, 2023

Des "Congolais d'origine" sans terre!

Par Chryso Tambu, publié le 14 mai 2023

On ne peut trouver de plus ridicule dans le document reconnu officiellement, à tort, comme “Constitution de la République Démocratique du Congo” que la notion d’une nationalité d’origine qui reconnait les immigrés comme “citoyens d’origine” ou autochtones alors qu'ils n'ont jamais eu de terres en "République Démocratique" du Congo!
L’escroquerie instituée dans la législation congolaise en vigueur est dissimulée initialement dans la loi 04/024 du 12 novembre 2004 en son article 6 et ensuite dans la “Constitution” de la “République démocratique ” du Congo du 18 février 2006 à l'article 10. Elles disposent qu’”Est Congolais d’origine toute personne appartenant aux groupes ethniques et nationalités dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la Republique Démocratique du Congo) à l’indépendance.” 
Il existe plusieurs groupes ethniques et, à ce jour, 194 nationalités au monde dont dépend la nationalité congolaise dite “d’origine”. Mais, curieusement, la législation congolaise ne donne aucune précision sur l'entendement d'un groupe ethnique. Et quelles sont ces “personnes” et "nationalités" qui  “constituaient” l’Etat congolais en 1960? La même législation ne les identifie point. Vraisemblablement un mystère! La réponse est donc sujette à une interprétation qui est autant valable pour un individu que pour un autre. Autrement dit, personne ne connait les réponses à toutes ces questions pourtant fondamentales. Seuls les occupants savent là où ils veulent en venir, c'est à dire leur objectif ultime est et demeure la spoliation des terres congolaises en violation de toutes les pratiques traditionnelles et ancestrales. 
Qu’est-ce qu’un groupe ethnique ou une ethnie? 
Le dictionnaire  Larousse suggère qu’une ethnie est un “groupement humain qui possède une structure familiale, économique, et sociale homogène, et dont l’unité repose sur une communauté de langue, de culture et de conscience de ce groupe.” Et le meilleur dictionnaire de la langue française, Le petit Robert, note également qu'une ethnie est “un ensemble de personnes que rapprochent un certain nombre de caractères de civilisations, notamment la langue et la culture.” 

Mais de manière plus concrète, par rapport à la réalité de la société congolaise, plusieurs familles réunies forment des clans qui sont regroupés pour constituer une tribu ou des tribus. Et plusieurs tribus assemblées deviennent ainsi une ethnie. 
Ignorant délibérement le terme ethnie et faisant plutôt référence à celui de “groupes ethniques”, la législation congolaise tente de tromper la vigilance avec une évidence dans la nuance entre les deux termes. Car, en effet, une communauté, une nation et/ou une nationalité sont toutes des groupes ethniques. Cela revient à dire que les Tutsis, par exemple, qui forment une  communauté qui s’identifie depuis 1976 sous le vocable frauduleux de “Banyamulenge” au Congo, sont des Banyarwanda, c’est à dire originaires du Rwanda ou de nationalité rwandaise, et composent, seuls, justement, 3 groupes ethniques distincts. De même pour les “ndingaris”, dont la plupart des musulmans, sont des africains de l’ouest ou ouest-africains, plus précisement de nationalité sénégalaise, formant ainsi la communauté sénégalaise au Congo, constituent donc, seuls, 4 groupes ethniques distincts. 
Il sied de mentionner qu’un groupe ethnique n’est ni synonyme de tribu ni d'ethnie. Et le mot tribu n’est pas non plus synonyme d’ethnie. En fait, une tribu, comme le répétait feu Honoré Ngbanda-Nzambo, comprend 3 éléments essentiels, à savoir une langue, une chefferie (le pouvoir ancestral exercé par le chef coutumier ou le mwami), et un territoire. Or, les Tutsi et Hutu, par exemple, étant des classes sociales ou des catégories socio-économiques au sein d’une vingtaine de clans au Rwanda, ne répondent pas aux critères propres à une tribu congolaise. C’est la raison pour laquelle la législation congolaise en vigueur a substitué le terme “groupes ethniques” à celui de “tribu”.  
Une  parenthèse. Lors d’une conférence, en avril dernier, à l'occasion de la présentation du livre de Charles Onana intitulé "Holocauste au Congo", le politicien Justin Bitakwira, visiblement frustré, déclarait regrettablement que les “Banyamulenge” se considèrent désormais comme une "tribu [congolaise]". Constitués en tutsi power, ils ont, en effet, réussi à imposer le Kinyarwanda (l’unique langue rwandaise) à Minembwe en 2020, dans le plateau de Mulenge où ils débarquèrent pourtant comme réfugiés rwandais en 1964. Et ces immigrés viennent d’y installer un “pouvoir ancestral” contrairement aux us et coutumes des autochtones avec le soutien du président rwandais, Paul Kagame, et la trahison des Congolais ainsi que la bénédiction de la communauté dite internationale. 
Le Congo est à refonder après sa libération de l'occupation.
chryso45@hotmail.com

Tuesday, April 11, 2023

La nullité de la proposition de "loi Tshiani"!

Par Chryso Tambu, publié le 11 avril 2023, mis à jour le 25 avril 2023  
Très proche d'Etienne Tshisekedi wa Mulumba à l'époque et, dans une certaine mesure, "membre" de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) lorsqu'il était encore fonctionnaire à la Banque  mondiale, Noël Tshiani,  candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre 2018 qui, en réalité, avait tout d'une mascarade, assume, depuis un certain temps, l'unique vocation, semble-t-il, d'empêcher une éventuelle candidature de Moïse Katumbi à la magistrature suprême afin de protéger, lui aussi, un "pouvoir" incarné par Félix Tshisekedi Tshilombo que seul un lobby tribal revendique comme privilège depuis sa nomination au "sommet de l'Etat congolais". Il propose une loi qui exige, comme condition d'éligibilité pour la magistrature suprême en "République Démocratique" du Congo, qu'un candidat soit "Congolais [d'origine] de père et de mère", c'est à dire par filiation à l'égard de deux parents congolais [d'origine]. Or, la législation congolaise en matière de nationalité leur reconnait en effet la nationalité congolaise d’origine.  Noël Tshiani a tout faux!
Le document reconnu officiellement, à tort, comme "Constitution de la République Démocratique du Congo" du 18 février 2006 dispose en son article 10, alinéa 3 ce qui suit: "Est Congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes ethniques dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l'indépendance." Mais, elle renvoie, au dernier alinéa, à une loi organique, en l’occurrence la loi 04/024 du 12 novembre 2004 relative à la nationalité congolaise, laquelle détermine en son article 6 la reconnaissance de la nationalité congolaise d’origine, apportant une  nuance en ces termes: "Est Congolais d’origine, toute personne appartenant aux groupes ethniques et nationalités dont les personnes et le territoire constituaient ce qui est devenu le Congo (présentement la République Démocratique du Congo) à l'indépendance." Ainsi donc, la "loi" en vigueur reconnait expréssement, rétrospectivement, et antérieurement à la date du 30 juin 1960, la nationalité congolaise d’origine notamment aux deux parents biologiques. Cela revient à dire que déclarés de facto "Congolais d'origine" aux termes de la "loi" organique, la "République Démocratique" du Congo ne comptait aucun étranger sur son territoire à l'indépendance. Il n'en demeure pas moins qu'une autre nationalité détenue concurremment avec la nationalité congolaise d’origine ne soit soumise à une renonciation tel qu'exigé par la nouvelle législation.
Cependant, dans la "logique" de cette "loi" organique,  l'unicité et l'exclusivité de la nationalité congolaise prévues en son article 1er, alinéas 1 et 2, sont  devenues alors caduques pour le cas des aïeux décédés avant son entrée en vigueur.  Et même s'ils détiennaient la nationalité congolaise d’origine concurremment avec une autre nationalité durant leur vie, ils n'étaient en aucun cas censés l'avoir perdue après la mort ou qu'elle ne devrait plus subséquemment leur être reconnue.
Mais les Rwandais,  particulièrement, cependant, détiennent, eux, la double nationalité, y compris la nationalité congolaise d’origine, ayant réussi avec ruse à contourner la législation congolaise. Il s'agit d'un fait accompli rendu possible par la Constitution rwandaise du 4 juin 2003 qui prévoit en son article 7 que non seulement "la double nationalité est permise", mais aussi que "la nationalité rwandaise d’origine ne peut pas être retirée." D'où l'impossibilité à un Rwandais de renoncer à la nationalité rwandaise. Ils sont désormais "Congolais d'origine de père et de mère" mais, curieusement, sans terre. 

Une parenthèse. L"référence temporelle" fixée dans la legislation congolaise à la date de l'indépendance ou le 30 juin 1960 - et non la date du 1er août 1885, laquelle représente la création de l'Etat indépendant du Congo, ou alors la date du 18 octobre 1908, lorsque celui-ci devient le Congo Belge - n'est qu'une escroquerie et une tentative, de la part des rwandophones ou Banyarwanda, d'être considérés comme "citoyens d'origine et non par acquisition".
Noël Tshiani, vraisemblablement un "mbwarrior" de Félix Tshisekedi Tshilombo, tente en vain une félixation de la "loi électorale"!
chryso45@hotmail.com

Monday, March 27, 2023

 Christophe Lutundula n'a pas convaincu!

Par Chryso Tambu, publié le 3 mars 2023  -  Dépêche
Dans une interview accordée à Top Congo le mercredi 1er mars 2023, le ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, s'est lançé  dans un long verbiage très embrouillé dans une dernière tentative de convaincre l'opinion sur le bien fondé de l'adhésion de la "République Démocratique" du Congo à la Communauté de l'Afrique de l'Est (EAC). C'est pour des "raisons stratégiques", notamment sur  le "plan économique", a-t-il déclaré. Car, selon lui, "tout ce qui vient au Congo et sort du Congo par la voie de l'est...passe par le Kenya et la Tanzanie [qui] sont [des] pays fondateurs de l'EAC" , sans oublier les "intérêts au niveau du commerce frontalier" ainsi que le "besoin aussi de gérer le combat contre la fraude douanière". Et le ministre de poursuivre: "nous n'avons pas remis, non pas donné,  abandonné le destin de notre pays,  de notre peuple à l'EAC". Cependant, la vision hima-tutsie de créer un  Etat fédéral, avec toutes ses ramifications, est clairement établie dans le traité de l'EAC.
Le Marché commun de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique australe (Comesa) compte 21 pays membres dont 5 font partie de L'EAC, y compris la "République Démocratique" du Congo.  La Tanzanie n'y figure pas. Mais il existe entre la Tanzanie et la "République Démocratique" du Congo depuis 2014 une procédure de dédouanement de marchandise, applicable à l'EAC, afin de réduire le coût de transit de marchandises par le port de Dar-es-salam. Et cet arrangement s'était déjà assigné entre autres comme objectif, selon le directeur de la DGDA de l'époque, Deo Ruguiza, la "lutte contre la fraude douanière".
Etant déja un Etat membre de Comesa lequel a d'ailleurs les mêmes objectifs socio-économiques que l'EAC et où on retrouve 4 pays membres de l'EAC,  à savoir le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l'Ouganda, l'adhésion de la "République Démocratique" du Congo à l'EAC ne se justifie point.
Ekoti te! Ekoti te!
chryso45@hotmail.com

Une vraie diplomatie "ngeleka"!

Par Chryso Tambu, publié le 1er mars 2023  -  Dépêche 

Au sujet d'une éventuelle rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda qui n'a que trop tardé, le ministre des Affaires Étrangères Christophe Lutundula a déclaré au cours d’une interview accordée ce mercredi 1er mars 2023 à Top Congo qu'une rupture ne pose "aucun problème". "Mais il faut savoir comment agir, quelle est la choréographie des actes, des actions que nous posons, le tempo et ainsi de suite", a-t-il ajouté, en précisant qu'"on n'a pas expulsé l'ambassadeur du Rwanda,  mais le moment est arrivé [où] on lui a dit vous ne servez plus à rien, peut-être qu'il vaut mieux d'aller vous reposer chez vous."
Certes, une "logique" ou démarche en dehors de l'échelle des sanctions diplomatiques, car il ne s'agit ni d'un rappel ni d'une expulsion d'un ambassadeur, mais plutôt d'un témoignage de la faiblesse de l'Etat congolais ainsi qu'une diplomatie qui rend encore plus ridicules ses "dirigeants"!
Tentant en vain de justifier une diplomatie "ngeleka", le ministre des Affaires Étrangères d'enchérir: "le matin, on annonce [une] rupture des relations diplomatiques, vous avez résolu quel problème, sinon la psychothérapie...Bête!", et de suggérer "si cela doit intervenir, je peux dire au nom du président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, au nom du gouvernement de la République, ça ne nous coûte rien; on n'hésiterait jamais à le faire."
Enfin Christophe Lutundula de conclure: "ce qui est plus important aujourd'hui sur le plan diplomatique...le chef de l’Etat a permis à notre pays de renverser la vapeur...il y a tout le moins une meilleure compréhension de ceux qu'hier étaient les avocats du Rwanda", faisant ainsi allusion seulement à la "levée des sanctions" qu'il a jugée comme une des " mesures important[es]".
Mayi ya moto, etumbaka elamba te!
chryso45@hotmail.com

Monday, March 20, 2023

La "présidentielle" de 2018: Noel Tshiani tente maintenant de tromper la vigilance!

Par Chryso Tambu, publié le 20 mars 2023

L'ancien fonctionnaire de la Banque Mondiale, Noël Tshiani, semble s'être engagé dans une sorte de croisade, plaidant aussi la cause de 18 autres anciens candidats [de l'opposition"], pour le remboursement de US$ 100,000 de caution versés à la Commission électorale nationale "indépendante" (Céni) par chaque candidat pour le scrutin du 30 décembre 2018 qui, en réalité, n'était qu'une mascarade d'élection  suite aux révélations faites par l'ancien président de la Céni, Corneille Nangaa, qui s'était confié au magazine Jeune Afrique le 24 février dernier. Se limitant à une réparation pour préjudice, ce candidat malheureux à la "présidentielle" de 2018, qui est venu pour faire du lobbying ou une campagne camouflée pour Félix Tshisekedi via la télévision Bosolo na politik, a tenté en vain de l'épargner en fustigeant Corneille Nangaa. Nul n'ignore que la nomination de Félix Tshisekedi au "sommet de l'Etat" est un hold-up électoral suite à un accord politique ou deal avec "Joseph Kabila".
Pris au dépourvu par la journaliste avec une question en référence au "mea culpa" de Corneille Nangaa, Noël Tshiani a affirmé que "dans un autre monde, après qu'il [Corneille Nangaa] ait fait ces déclarations là, il devait être invité par la justice pour qu'il puisse s'expliquer". Et il a raison. Mais s'il en est convaincu, qu'attend-t-il alors pour saisir le procureur général de la "République" qui semble être distrait?
Dans une tentative d'éluder une autre question en rapport avec le même sujet, il décide alors de s'exprimer au conditionnel sans convaincre en suggérant que "si ce qu'il [Corneille Nangaa] dit est vrai, ça veut dire que la démocratie a été truquée ou a été tronquée".
Mais juste après, comme pour rétablir un fait, il se met  à réclamer les US$ 100,000 de caution versés à la Céni en ces termes: "le trésor public nous a volé de l'argent. Je demande qu'on puisse nous retourner à tous - les anciens candidats à l'éléction de 2018 - les US$ 100,000 parce que, en réalité, il n'y a pas eu élection d'après les dires donc de Corneille Nangaa". Et ce candidat malheureux, s'exprimant de nouveau au conditionnel, de poursuivre: "si c'est ça donc les conditions, assumons nous donc jusqu'au bout et d'ailleurs je demande aux autres candidats peut-être [que] nous devrions commencer par amener Corneille Nangaa au tribunal pour qu'il puisse nous restituer donc les US$ 100,000 et à partir de là on va déterminer si ce qu'il avait dit était réellement ce qui s'est passé ou pas".
Que ce soit une action en justice contre Corneille Nangaa ou le trésor public, pourquoi Noel Tshiani n'initie-t-il pas une  quelconque démarche, surtout qu'il constate en même temps non seulement "un Etat léthargique où les gens ne font pas des actions à mener au moment où il faut le faire", mais aussi considère que "les déclarations de Corneille Nangaa sont tellement d'une gravité tel que la crédibilité des institutions de la République est mise en danger"? Et Noel Tshiani d'enchérir en mentionnant que par rapport au fameux "compromis à l'africaine", le président français Emmanuel Macron a en effet confirmé que Félix Tshisekedi n'a jamais été élu.
Il faut donc considérer qu'il y a donc  erreur matérielle sur base des déclarations de Corneille Nangaa et d'Emmanuel Macron qui puisse justifier un recours au niveau de la cour constitutionnelle ou alors ces deux déclarations peuvent constituer une preuve circonstancielle pour le dépôt éventuel d'une plainte en bonne et due forme auprès d'une institution judiciaire. Dans les deux cas de figure, la cour Constitutionnelle et le tribunal saisis pour le contentieux électoral devront ainsi réexaminer les résultats communiqués par la Céni  et s'assurer qu'ils sont publiés conformément au prescrit de la loi électorale.
Une parenthèse. La Céni viole la loi en refusant de publier les résultats de la "présidentielle" de 2018 bureau de vote par bureau de vote étant donné qu'elle n'a pas la capacité technique de fabriquer des faux résultats, selon Foreign Policy Magazine.
Mais les Congolais ne doivent pas se faire d'illusion. Noel Tshiani n'osera jamais ni traduire Corneille Nangaa en justice ni intenter une action judiciaire contre la Céni. Encore moins contre l'Etat congolais.  Le problème est bien plus profond que les US $100,000 de caution qu'il feint de réclamer. Et il ment!

chryso45@hotmail.com

Friday, December 3, 2021

 

Jean-Pierre Mbelu et une infiltration sémantique ratée!

Par Chryso Tambu, publié le 4 décembre 2021

Curé  de la Paroisse  Sainte Thérèse à Nivelles, monsieur l’abbé Jean-Pierre Mbelu Babanya est plus connu dans la diaspora congolaise pour ses analyses politiques. Tenant des propos très critiques à ceux qui ont collaboré avec l’imposteur rwandais “Joseph Kabila” jusqu’en 2018, il a changé  de rhétorique depuis la nomination de Félix Tshilombo “Tshisekedi” au “sommet” de l’Etat. “Les acteurs apparents, les marionnettes et les autres sous-fifres ne comptent pas à mes yeux”, affirme-t-il aujourd’hui . Ce “nganga ya Nzambe”, comme on dit en lingala, originaire de Kananga dans le Kasai, semble avoir privilégié, lui aussi, un lien ethnico-linguistique qui exigerait une  soumission - qui ne dit pas son nom - à un code de silence. Et il tente de distraire les Congolais avec des “exercices” d’intellectualisme ou de philosophie, espérant ainsi détourner toute attention sur Félix Tshilombo. Prétendant mener un “combat” contre les “acteurs pléniers” qu’il juge, seulement maintenant, être les seuls responsables de la tragédie congolaise, cet analyste politique ramène  plusieurs notions décalées par rapport aux concepts d’Etat raté et d’“Etat manqué”!

Dès le lendemain de la publication de l’article intitulé  “Le Congo-Kinshasa est un Etat-raté ”, lequel planchait sur le concept d’Etat raté, monsieur l’abbé  Jean-Pierre Mbelu a réagi en substance en ces termes: “Merci pour cette belle critique. Même s’il ne se limite qu’ à la traduction du texte d’Edward Herman. Le contenu du livre nuance les choses. Si 1996 est une date importante pour le livre – il fallait partir de quelque part -,  le contenu du livre parle de 1996 et même un peu tôt. A ce point nommé , vous avez raison. Un peu tôt pour moi, c’est  à partir de l’indépendance ratée et l’assassinat de Lumumba…”.

Ayant enfin reconnu  une indépendance  ratée  du Congo-Kinshasa, Jean-Pierre Mbelu a donc tort d’affirmer et de continuer d’affirmer que “la guerre de basse intensité menée par les élites anglo-saxonnes contre le Kongo-Kinshasa depuis l’invasion de l’Alliance des Forces Démocratiques de la Libération (AFDL) en 1996 avait pour objectif de produire un Etat raté…”. Car, le Congo-Kinshasa est un Etat-raté depuis la date du 30 juin 1960. D’ailleurs, son indépendance demeure une aspiration comme le dit l’hymne national: “Et pour de bon prenons le plus bel élan”. Mais à ce jour, malheureusement, le Congo-Kinshasa n’a toujours pas pris son “plus bel élan”!

Il est important de souligner que dans son article “Manufacturing ‘Failed States’”, le professeur Edward S. Herman, n’a jamais communiqué l’idée d’une fabrication des “Etats ratés” mais il parle plutôt de celle des “Etats faillis”. Car, en fait, les Etats-Unis d’Amérique n’ont jamais été une puissance coloniale mais plutôt une puissance impérialiste. Et “produire des Etats ratés”, comme le traduit si mal monsieur Dominique Arias, serait entre autres tenter d’épargner les premiers dirigeants d’un Etat qui demeurent pourtant seuls responsables de l’échec d’une transition certes due à une impréparation politique.  Le Congo-Kinshasa n’a-t-il pas été colonisé par la Belgique? 

Par ailleurs, plusieurs internautes associent le terme “Etat manqué” à l’analyse politique de Jean-Pierre Mbelu avec ses essais publiés il y a quelques années  sur  le site de “Congo indépendant”. Mais il l’abandonnera, très curieusement,  dès le lendemain du 5 décembre 2014 pour le substituer à celui d’un “Etat raté”. L’ayant repris dans un posting daté du 5 juin 2020 sur  le site web “Ingeta”, l’abbé Jean-Pierre Mbelu mentionna  que  “Dans un ‘Etat manqué’, les institutions existent formellement. Mais elles sont vidées ou vides de contenu”. Cette notion diffère de celle énoncée par  l’administration américaine, à l’époque du président Bill Clinton, et qui insiste sur le danger que les “Etats manqués” représentent. 

Mais dans son article “Superpower and Failed States” publié dans le journal quotidien “Khaleej Times” du 5 avril 2006, le professeur Noam Chomsky présente, lui, quelques caractéristiques  principales que partagent  les “Etats manqués” . Ainsi note-t-il qu’“Ils sont  incapables ou ne veulent pas protéger leurs citoyens contre la violence et peut-être même contre la destruction.”. “Ils se considèrent hors de portée du droit national ou international et par conséquent ils s’estiment libres de commettre des agressions et des violences”, observe-t-il. Et d’ajouter “Et s’ils ont des formes de gouvernement démocratiques, ils souffrent d’un “déficit démocratique” grave qui prive leurs institutions démocratiques formelles de contenu réel”. 

Une parenthèse. On constate un “déficit démocratique”  lorsque les actions du gouvernement ne réflètent pas la volonté populaire. Mais il s’agit, pour le cas des Etats-Unis d’Amérique, d’un double “déficit démocratique”. Car, tel que l’affirme Noam Chomsky dans son article, il est présent au niveau domestique mais aussi au niveau international.  Parmi les évidences, une exclusion de la population américaine du système politique et une mascarade de la promotion de la démocratie à travers le monde. 

On devrait donc retenir de cette observation de Noam Chomsky  que même les démocraties peuvent être rangées dans la catégorie des “Etats manqués”. Tout dépend de leurs comportements. Les Etats-Unis d’Amérique, particulièrement, qui se considèrent alors comme étant les “gendarmes du monde” et qui interviennent militairement dans plusieurs coins du globe en toute violation du droit international, constituent une menace pour d’autres nations. Par conséquent, le statut d’”Etat manqué” leur convient  parfaitement! 

De tous ces points de vue, l’analyste politique  Jean-Pierre Mbelu a-t-il raison de suggérer entre autres qu’un “Etat manqué” peut devenir un Etat raté? 

Ekoti te! Ekoti te!

chryso45@hotmail.com

 

Monday, November 22, 2021

 

Le Congo-Kinshasa est un Etat-raté!

Par Chryso Tambu, publié le 22 novembre 2021

Contrairement à  ce qui pourrait être considéré comme nouveau concept en matière de “diplomatie internationale” et ce avec la version française de l’article “Manufacturing ‘Failed States’” du professeur Edward S. Herman ne l’est pas en réalité! Le traducteur Dominique Arias a choisi d’interpréter le terme “failed states” en “Etats ratés” lequel n’est pourtant pas le synonyme d’une notion qui plutôt définie un “Etat failli”.  Dominique Arias a tout faux! 

Dans la description sur Amazon de l’ouvrage “La fabrique d’un Etat raté: Essais sur le politique, la corruption morale et la gestion de la barbarie” de Jean Pierre Mbelu, il est écrit “Cet ouvrage traite des réalités politiques, socio-éconimiques et géostratégiques de la République Démocratique du Congo sous le prisme de ce que le pays est devenu depuis les années 1990: celui d’un Etat raté  .” Voilà le résultat d’une conclusion erronée basée sur une interprétation problématique de Dominique Arias! 

Cette réflexion présentée sur Amazon pose déjà  problème dans la mesure où elle attribue le statut d’Etat raté  au Congo-Kinshasa seulement à partir de 1990, c’est à dire 30 ans après son “indépendance” et ce, en lieu et place de celui d’un “Etat failli”. Une évaluation qui aurait constaté  un  échec en rapport avec le statut d’Etat raté aurait dû  être faite en tenant plutôt compte de la date officielle du 30  juin 1960 (le jour de l’”indépendance”) laquelle était supposée aussi coincider avec son accession à la souveraineté. Dépassé cette date, on ne peut alors faire allusion qu’à un “Etat failli”. Or ce pays reconnu officiellement, à tort, comme la “République démocratique du Congo” n’est ni indépendant, ni souverain, ni une république et encore moins une démocratie. Et c’est cette réalité  qui donne tout son sens ou l’associe justement à un Etat-raté  et que l’auteur de ces lignes abordait initialement dans l’article “Honoré  Ngbanda-Nzambo a raison” publié le 5 décembre 2014. 

Mais ce qui pose fondamentalement problème, c’est la traduction par Dominique Arias qui apporte une interprétation différente, voire erronée, de l’idée même de l’article du professeur Edward S. Herman. En fait, Il aurait dû traduire “failed states” par “Etats faillis” ou même “Etats défaillants” et non “Etats ratés”, semant ainsi la confusion dans l’esprit des lecteurs ou analystes francophones dont l’abbé  Jean-Pierre Mbelu. Car, le professeur Edward S. Herman, un amerloque, suggérait, lui, dans son article que “…les Etats-Unis sont devenus un fabricant  à grande  échelle d’Etats faillis”, et non d'après l’interpretrétation de Dominique Arias selon laquelle “…les Etats-Unis devenaient aussi de facto le premier producteur d’Etats ratés, à l’échelle industrielle”. Et le professeur Edward S. Herman d’ajouter: “Par Etat failli, je veux dire un Etat qui a été écrasé  militairement ou rendu ingérable  à cause d’une déstabilisation politique et/ou économique et le chaos qu’il en résulte et n’est pas en mesure (ou il ne lui est pas permis) pendant des longues périodes de se redresser et répondre aux besoins de ses citoyens.” 

Mais Dominique Arias traduit, lui, la version anglaise de la même citation plutôt en ces termes”: “Par Etats ratés, j’entends un Etat qui, après avoir  été écrasé militairement ou rendu ingérable au moyen d’une déstabilisation économique ou politique et du chaos qu’il en résulte, a presque définitivement perdu la capacité (ou le droit) de se reconstruire et de répondre aux attentes légitimes de ses citoyens”, apportant ainsi en plus du sien, c’est à dire le “refus” d’une présomption irréfragable ou droit! 

Il est important de noter que l’expression “Etat failli”, laquelle est souvent évoquée en rapport avec la politique étrangère ou la diplomatie aux Etats Unis d’Amérique, fait allusion en substance à un Etat où “rien ne fonctionne correctement” et que l’Etat “ne parvient pas  à assurer ses missions essentielles”, constatant ainsi un  échec.

Au Congo-Kinshasa, les kinois, eux, disent “Leta (l’Etat) ekufa!”, c’est à dire que l’Etat est quasiment inexistant. Et c’est exactement ce que tente d’élaborer Edward S. Herman dans son article “Managing ‘Failed States’” en pointant du doigt les Etats-Unis d’Amérique qui “sont passés maîtres dans l’art de saper leurs cibles en fomentant le terrorisme intérieurieurement, et puis de leur imputer la responsabilité des crimes commandités par Washington lui-même”, observait cet  éminent et courageux professeur de son vivant! Cet intellectuel ne rappelle-t-il pas aux Congolais un autre, “Vieux H”, feu Honoré    Ngbanda Nzambo ko Atumba? 

Par ailleurs, la description sur Amazon de ce même ouvrage de l’abbé Jean-Pierre Mbelu indique que “la guerre de basse intensité menée par les élites anglo-saxonnes contre le Kongo-Kinshasa depuis l’invasion de l’Alliance des Forces Démocratiques de la Libération (AFDL) en 1996 avait pour objectif de produire un Etat raté  afin de contrôler ses ressources stratégiques ainsi que les coeurs et les esprits de ses habitants”. Encore une fois, Dominique Arias induit Jean Pierre Mbelu à l’erreur avec sa traduction problématique. En fait, le statut d’Etat raté, particulièrement, ne peut être évaluée ou constatée qu’en tenant compte ou à partir d’un point de départ précis de l’histoire, notamment la naissance d’un Etat ou son émancipation (indépendance et/ou souveraineté). Et l’invasion de l’AFDL en 1996 fausse toute référence à un statut d’Etat raté en lieu et place de celui d’“Etat failli” engendré par les décideurs américains! 

In fine, à l’allure où vont les choses, seule une balkanisation - laquelle est d’ailleurs imminente et  facilitée par Félix Tshilombo Tshisekedi - peut sortir le Congo-Kinshasa de son statut d’Etat raté, bien sûr, avec sa disparition de la carte du monde. 

Tala ku tseki, tala ku mamba

chryso45@hotmail.com